J'ai reconstruit une vie


J'ai confiance en la voie sur laquelle je suis

Je suis issue d'une famille dans laquelle l'alcool a fait des ravages. Tant chez les hommes qui buvaient que chez leurs épouses abîmées par cette vie. Ma mère, fille d'alcoolique, a bien sûr épousé un alcoolique, recréant ainsi le schéma familial qu'elle avait connu. A mon tour devenue adulte, je me suis mariée. Et après quelques années je me suis aperçue que moi aussi j'avais suivi la voie tracée en épousant à mon tour un alcoolique.

De mon enfance bercée par la violence qui régnait dans le foyer paternel, puis par celle qui régnait dans mon propre foyer, je garde une insécurité intérieure intense, une très faible estime de moi, une grande difficulté à établir des relations avec les autres, un manque de confiance en la vie en général et aux autres en particulier. J’ai toujours éprouvé une immense difficulté de vivre au quotidien comme si les choses les plus simples me demandaient toute mon énergie.

Après la mort de mon père, j'ai tout essayé pour faire comprendre à mon mari que l'alcool brisait notre foyer et qu'il fallait qu'il cesse ce comportement. J'ai vraiment tout fait : explications, menaces, cris, pleurs, j'ai même fugué. Rien n'y a fait. La consommation d'alcool de mon mari m'obsédait et est devenue ma principale préoccupation. J'étais au fond du trou. Après des mois de crise durant lesquels nous n'avions plus que l'alcool en commun, nous avons divorcé et je me suis retrouvée tellement seule, désemparée, désœuvrée, que je me suis mise à boire à mon tour, ne comprenant rien à ce qui m'arrivait. J'ai fini par aller chercher de l'aide auprès d'un alcoologue qui m'a conseillé de rencontrer des membres des AA-Alanon.

Dès le début en Alanon j'ai reçu deux cadeaux : celui de constater que je n'étais pas seule à vivre ce que je vivais et celui d'apprendre que l'alcoolisme était une maladie. Je n'y pouvais rien, ce n'était donc pas ma faute! Mais plus encore, j'ai rencontré des amis avec lesquels j'ai pu échanger en toute confiance. Chose merveilleuse, ils comprenaient ce que je partageais de mon histoire. Il y en avait toujours un qui avait connu quelque chose de similaire. A leur tour mes nouveaux amis partageaient avec moi la façon dont ils avaient réussi à se reconstruire et ce qu'ils avaient fait pour cela.

Je vais en Alanon depuis maintenant quelques années et cela a changé ma vie. Je me construis peu à peu dans cette fraternité. Peu à peu j'apprends à lâcher prise sur ce que je ne peux changer, à avoir le courage de changer ce que je peux, mais surtout j'essaie chaque jour d'apprendre à faire la différence.

Aujourd'hui, j'ai reconstruit une vie relativement stable, je vis seule et heureuse, je travaille, j'ai des amis, je fais des choses que je ne m’aurais jamais cru capable de faire auparavant. Bien sur, j'ai encore de durs moments comme on en a tous plus ou moins, mais j'ai confiance en la voie sur laquelle je suis. Et lorsque je reçois par moment ce présent qu'est la sérénité, je remercie le ciel d'avoir un jour croisé la route des AA-Alanon.

Amitiés. Alcidie


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