à sa démission...

François Hollande devrait rflchir à sa dmission...
ALAIN JOCARD / AFP

Chaque matin à 8h24, Hervé Gattegno, rédacteur en chef (Enquêtes/Investigation) à Vanity Fair, décrypte avec impertinence l’actualité politique dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin sur RMC.C'est décidément une semaine noire pour François Hollande. Après le livre de son ex-compagne, la démission d'un secrétaire d'État en délicatesse avec le fisc et deux sondages catastrophiques. Votre parti pris : François Hollande devrait réfléchir à sa démission... Vous n'allez pas un peu vite ?C'est la dégradation de la situation qui s'accélère. Après le psychodrame de la semaine dernière, on espérait un apaisement : ça n'a fait qu'empirer. Avec ce livre écœurant de Valérie Trierweiler, François Hollande est humilié, ridiculisé. Le cas Thomas Thévenoud laisse pantois, parce qu'il donne l'image d'un affaissement total des principes. Ce n'est peut-être pas un délit, mais c'est une preuve de plus d'un délitement, d'une déliquescence du pouvoir. Pour arrêter cette débâcle politique et morale, la moins mauvaise solution serait de provoquer une nouvelle élection présidentielle : donc une démission.Mais la démission du président, c'est l'arme nucléaire ! Est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux une dissolution de l'Assemblée nationale ?C'est vrai, la dissolution fait partie de l'attirail institutionnel du président pour sortir d'une crise. Mais c'est le moyen de faire arbitrer par le peuple un conflit entre l'exécutif et la majorité. Or le problème de François Hollande est moins les tensions avec sa majorité (qui finit toujours par voter) que la défiance de son électorat et le rejet de sa politique par les Français. Sa majorité est peut-être indocile, mais s'en priver serait imbécile. Sans compter qu'une cohabitation avec la droite ferait mécaniquement monter le FN. Comme il ne peut pas non plus utiliser le référendum (il le perdrait à coup sûr) ni changer de premier ministre (il vient de le faire), la seule carte qui aurait du sens et du panache serait de remettre en jeu sa légitimité en démissionnant et... en se représentant. Ce serait idéal pour lui : il est meilleur en candidat qu'en président...Vous faites de la politique fiction : pourquoi est-ce que François Hollande choisirait délibérément de mettre en jeu sa fonction alors que la constitution lui permet de garder le pouvoir même en étant minoritaire ?Il ne peut pas continuer à gouverner dans cet état. Son autorité est entamée, sa fonction est dévaluée, sa majorité est divisée ; sa politique économique ne peut pas avoir de résultats avant longtemps (si elle en a) et il va de reculades en renoncements : Michel Sapin annonce que l'objectif d'économies budgétaires pour 2014 ne sera pas atteint ; Manuel Valls renonce aux ordonnances sur le travail du dimanche... Toutes les décisions flottent et le gouvernement coule. On voit les sondages : même Manuel Valls, ultra-populaire à son arrivée à Matignon, est entraîné vers le fond par François Hollande. Lequel François Hollande est à 13% dans le baromètre du Figaro-Magazine, record absolu – et un vendredi à 13, ça porte malheur...Allons jusqu'au bout dans ce scénario : s'il démissionne et se représente demain, François Hollande n'a aucune chance d'être réélu, non ?A priori aucune, mais ça aurait de l'allure : ce serait une façon de prendre le discrédit à son compte – puisqu'après tout, il en est le premier responsable. L'autre avantage, c'est que la droite n'est pas prête, qu'elle n'a pas de candidat évident et qu'elle risquerait de se diviser. Et il pourrait prendre les Français à témoin de ce qu'il a changé de politique depuis son élection, mais en leur demandant de l'approuver. Il ferait une campagne churchillienne (du sang et des larmes) mais ce serait mieux adapté aux circonstances : en 2012, il promettait de « réenchanter le rêve français » ; maintenant, il vit un cauchemar – et nous avec lui.