Jeudi 19 septembre. Après quelques inquiétudes liées aux grèves sur Air France, nous pouvons finalement embarquer sur le vol prévu.

Plusieurs centaines de milliers de larves sont prêtes maintenant à se fixer sur les tuiles mises au point spécialement pour elles. Nous espérons affiner encore cette année le protocole d’élevage des jeunes colonies. Rendez-vous dans quelques mois pour en savoir plus !

Le groupe Planugwa 2014 : De gauche à droite : Mathieu Coutant, Dominique Barthelemy, Philippe Godoc, Pascal Coutant, Jean-Philippe et Sidonie Catteau, Sébastien Delaporte, Florence Foinet, Jérôme Coudret, Amélia Chatagnon, Marianne Aimar

Sébastien a réalisé quelques jolies séquences de la ponte d’Orbicella faveolata lundi soir. Voici l’instant tant attendu par nos plongeurs lors des plongées de nuit :

Sept jours après la pleine lune, tous les espoirs sont permis. Depuis le début des observations de ponte d’Orbicella à La Guadeloupe, c’est en effet à ce moment que les pontes les plus importantes ont été observées.

Notre récolte sur Orbicella annularis ayant été très fructueuse la veille (plus d’un million d’oeufs), nous décidons de nous concentrer sur Orbicella faveolata. Nous passerons plus d’une heure et demi dans l’eau à attendre vainement cet instant. Seule une petite ponte a pu être finalement collectée sur une colonie d’Orbicella faveolata. Elle ne sera pas conservée, faute d’avoir du sperme provenant d’une autre colonies pour féconder les oeufs.

L’attente fut donc longue, mais les plongées de nuit sont toujours des moments exceptionnels pour observer la faune du récif. Certains animaux ne peuvent être vus qu’à ce moment, comme les gorgonocéphales qui déploient leurs bras majestueux dans le courant.

Orbicella faveolata : pondra, pondra pas…?

Canthigaster rostrata

Amblycirrhitus pinos

Gorgonocéphale sur Orbicella faveolata

Corail Diploria strigosa

Zoanthaires sur éponge

Spirobranchus giganteus

Spirobranchus giganteus

Du côté du labo, tout se passe très bien, et les larves de coraux sont maintenant mobiles.

Demain matin, nous concentrerons les larves pour les répartir dans des bouteilles pour le transport, ou pour être directement fixées sur des tuiles à l’Aquarium de La Guadeloupe. Si notre avion est au rendez-vous, nous embarqueront demain en fin d’après-midi pour le retour en métropole…

Six jours après la pleine lune, c’est ce soir la première opportunité d’assister à une ponte d’Orbicella.

Cinq binômes de plongeurs se répartiront sur le site dont les colonies les plus intéressantes ont été balisées avec des marques lumineuses.

Comme chaque année, deux grands filets fixes sont installés sur de belles colonies. En cas de ponte, ils permettront de collecter un grand nombre de cellules reproductrices.

Pose d’un filet fixe sur Orbicella annularis

Filet fixe sur Orbicella faveolata

Sous l’oeil d’un poisson trompette…

A 21h les 12 plongeurs de l’équipe Planugwa se dirigent vers le récif. Les faisceaux des lampes de plongée balayent les colonies d’Orbicella, guettant le moindre signe annonciateur de la ponte.

Sur Orbicella faveolata, rien n’est encore visible…

Dès 21h15, ça bouge du côté des Orbicella annularis ! Les années précédentes, cette espèce n’avait produit que de petites pontes sur les sites où nous plongeont, mais cette fois ci il s’agit bien d’une ponte massive !

Les amas de cellules reproductrices s’élèvent dans le filet fixe, tandis que Mathieu, Jérôme et Amélia collectent sur d’autres colonies avec leur filet à main.

Ils remontent à bord vers 21h45, au moment où les équipes focalisées sur Orbicella faveolata commencent à observer une ponte de cette espèce. Florence et Dominique d’un côté, puis Sidonie et Jean-Philippe de l’autre collecteront finalement une petite ponte de quelques colonies d’O. faveolata.

Début de la ponte d’Orbicella faveolata

Vers 2h30 du matin, c’est à l’Aquarium de La Guadeloupe que la soirée se termine. Les premiers comptages annoncent 250 000 oeufs d’O. faveolata et 1 100 000 oeufs d’O. annularis !

Après avoir réparti les oeufs dans les cuves d’élevage, une première estimation du taux de fécondation est réalisée. Cela semble très positif, et les divisions cellulaires s’accélèrent.

Demain, l’équipe sera de nouveau sur site, espérant cette fois une ponte massive des Orbicella faveolata. Mais le succès de la mission Planugwa 2014 est déjà assuré depuis ce soir !

Ce matin, l’un des deux bateaux de la mission Planugwa quitte la marina de Gosier pour rejoindre Rivière Sens, au sud de Basse-Terre.

Comme l’année dernière, c’est là que nous plongerons pour collecter des gamètes d’Orbicella annularis et O. faveolata.

En fin d’après-midi, toute l’équipe se retrouve sur le bateau pour une première plongée de reconnaissance du site. C’est l’occasion pour chacun de retrouver ses marques, visualiser l’ensemble du site avant les plongées de nuit. Sébastien en profite pour peaufiner les réglages de son appareil photo.

Sur ce site , les colonies coralliennes sont peu nombreuses mais en très bonne santé, et en quantité toutefois suffisante pour assurer une bonne diversité génétique des prélèvements. Les conditions de plongée sont idéales : bonne visibilité, pas de courant…

Grosse colonie d’Orbicella annularis, au dessus de laquelle un filet fixe pourra être déployé.

Orbicella faveolata

Orbicella faveolata

Jeudi 11 septembre, l’équipe Planugwa s’est constituée à la marina de Gosier (Guadeloupe). Les participants de cette année :

Mathieu et Pascal Coutant (Aquarium La Rochelle)
Jérôme Coudret (CNRS Roscoff)
Sidonie et Jean-Philippe Catteau (Marineland Antibes)
Philippe Godoc et Marianne Aimar (Aquarium de La Guadeloupe / Igrec Mer)
Sébastien Delaporte et Dominique Barthelemy (Océanopolis Brest)
Amélia Chatagnon (Responsable du laboratoire PCC à l’Aquarium de La Guadeloupe)
Florence Foinet (Responsable Aquariologie à l’Aquarium de La Guadeloupe)

Les premiers jours sont consacrés, comme d’habitude, à l’installation des systèmes d’élevage larvaire pour les coraux. L’expérience apportée par Eneour Puill-Stéphan l’année dernière a été précieuse, et nous avons opté cette année pour des systèmes de culture en cuves cylindro-coniques, qui avaient donnés d’excellents résultats en 2013.

Amélia avait anticipé notre arrivée et installé l’essentiel des structures d’élevage dans son laboratoire PCC (Postlarves Capture et Culture).

C’est donc sous l’oeil d’une multitude de jeunes poisons de récif que nous peaufinons l’installation, en attendant les premières collectes d’oeufs de coraux qui devraient avoir lieu lundi prochain !

Depuis 2009, l’équipe Planugwa travaille sur l’élevage d’Orbicella faveolata et O. annularis. Ces deux espèces produisent des planulas de très petite taille (300µm), et toutes les phases d’élevages ont nécessité une innovation permanente par rapport à ce qui est pratiqué par exemple pour des coraux du genre Acropora.

Chaque année, des progrès ont été faits. Des tuiles spéciales ont été mises au point pour permettre la fixation des larves, mais un point de blocage subsistait, concernant la croissance des jeunes polypes, qui disparaissaient au bout de quelques mois sans s’être développés.

En 2013, Mathieu a testé à La Rochelle une méthode radicalement différente, qui a permis des progrès spectaculaires. Voici quelques photos des polypes d’Orbicella faveolata élevés chez lui cette année, prises en janvier 2014 :

Polypes d’Orbicella faveolata fixés sur la vitre d’un aquarium

C’est à notre connaissance la première fois que des polypes d’Orbicella sont élevés jusqu’à cette taille, mais il reste encore à fiabiliser la suite de l’élevage, afin de réussir à produire de véritables colonies.

Ce sera l’objet de la mission Planugwa 2014, qui débutera jeudi 11 septembre. Nous vous invitons à suivre le déroulement de la mission sur ce blog , comme l’année dernière !

11 mois après la fin de Planugwa 2013, que sont devenues les larves de coraux mises en élevage ?

Chez tous les participants (Aquarium de La Guadeloupe, Aquarium La Rochelle, Océanopolis, Marineland Antibes) des fixations et métamorphoses de larves ont été observées sur les trois espèces, ce qui confirme les avancées obtenues sur la technique de fixation au cours des années précédentes. Pour Orbicella faveolata, le taux de fixation a pu même atteindre 37% dans certains cas !

La phase d’élevage qui suit la fixation est délicate, car il faut apporter aux polypes primaires des conditions idéales (lumière, courantologie, nourriture…) et éviter l’envahissement des supports par des algues qui étoufferaient rapidement les jeunes polypes.

Voici les résultats obtenus :

1/ Acropora palmata

La première récolte de ponte d’Acropora palmata à La Guadeloupe  s’est concrétisée à Océanopolis par la croissance de 36 colonies (sur 300 polypes fixés au départ, soit 12% de survie).

Au 31 juillet 2014, les plus grosses colonies mesurent jusqu’à 4 cm de diamètre.

Ces résultats sont très encourageants. En effet, à cette taille de colonies, une réimplantation dans le milieu naturel serait possible, à partir d’élevages réalisés à La Guadeloupe.

A suivre…

Vendredi 30 août

Tout le matériel de plongée est rincé, séché : pour l’équipe de métropole, il est temps de penser à faire les sacs, et préparer le retour d’une partie des larves de coraux qui seront élevées dans les aquariums de La Rochelle, d’Antibes et d’Océanopolis.

Une après-midi de travail sera nécessaire pour collecter les planulas dans les enceintes d’élevage, les dénombrer, et les répartir entre les participants. Les comptages montrent que la phase d’élevage larvaire a été bien menée, puisqu’à l’exception d’un lot d’Orbicella annularis pour lequel le taux de fécondation a été très faible, les poucentages de survie sont excellents !

Nous disposons donc d’une grande quantité de larves, et le challenge sera maintenant de les mettre dans de bonnes conditions pour qu’elles s’établissent sur un substrat, puis de les élever afin qu’elles deviennent de véritables colonies coralliennes. C’est un travail de longue haleine qui demandera une attention soutenue pendant plusieurs mois.

Une grande partie de ces planulas sera élevée à La Guadeloupe, et nous les disposons directement dans de petits aquariums sur le fond desquels elles trouveront de petites tuiles qui leur permettront de se fixer.

Les autres planulas sont réparties dans des bouteilles en plastiques, remplies d’eau de mer. Elles voyageront ainsi pendant environ 20 heures, et si tout se passe bien, nous pourront les disposer dans de petits aquariums similaires en métropole  pour la phase de fixation.

A 18 heures, il est temps de partir à l’aéroport de Pointe-à-Pitre pour enregistrer nos bagages. Une petite photo du groupe Planugwa 2013 avant de partir :

De gauche à droite et de haut en bas :
Philippe Godoc, Pascal Coutant, Sébastien Delaporte, Sidonie Catteau, Dominique Barthelemy, Alain Calais, Amélia Chatagnon, Franck Mazéas, Enéour Puill-Stephan, Jérôme Coudret, Mathieu Coutant

Samedi 31 août, 18h30

Arrivée dans la réserve tropicale pour l’équipe d’Océanopolis, après avoir transmis à Paris quelques bouteilles remplies de larves à Dominique Duché, de l’Aquarium de la Porte Dorée. Un rapide coup de fil à Antibes et à La Rochelle nous rassure : chacun est bien arrivé et procède à l’installation des larves dans les petits aquariums de fixation.

A l’ouverture des glacières de transport, nous vérifions rapidement le contenu des bouteilles : tout semble bien se passer, les planulas nagent comme au départ de Guadeloupe.

Les aquariums contenant les tuiles sont prêts, il ne reste plus qu’à acclimater les planulas pour assurer une transition en douceur.

Quelques milliers de planulas d’Acropora palmata, prêtes à se métamorphoser !

Un grand merci à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réussite de cette mission PLANUGWA 2013 ! Merci aussi à tous ceux qui ont suivi ce blog. En attendant PLANUGWA 2014, nous vous donnerons sur ce blog des nouvelles des planulas, et des photos de leur évolution !

Quelques images d’Orbicella annularis en train de pondre, prises par Sébastien. Ca bouge un peu, mais sans pied, difficile d’être parfaitement immobile !