Barbara Loyer est partie avec dignité, courage et élégance, celle du cœur. Elle a accompagné Hérodote aussi longtemps qu’elle l’a pu. Son esprit libre, son intelligence incisive, son sens de la complexité et de la nuance, son humour décalé, voire sa fantaisie, vont terriblement manquer aux réunions du comité de rédaction.
Hispanophone, Barbara était reconnue comme la spécialiste de la géopolitique de l’Espagne. Elle fut la première à accorder une grande attention aux nationalismes régionaux, en particulier basque et catalan dont elle redoutait qu’ils ne finissent par affaiblir l’unité de l’Espagne. Très attachée à la démocratie et au respect du droit, elle s’inquiétait fortement de la complaisance envers les responsables du terrorisme basque et de l’amnistie envers les élus indépendantistes catalans, en échange de leurs voix au Parlement national pour assurer la majorité de gouvernements socialistes.
Barbara était aussi féministe avec raison et généreuse dans la défense des plus faibles.
Il nous faudra désormais nous habituer à son absence.
Béatrice Giblin
L’Olympisme représente des enjeux de pouvoir qui se sont accrus au cours du temps avec l’élargissement du nombre d’États et des disciplines sportives qui y participent et du fait de son immense succès médiatique depuis la retransmission des Jeux à la télévision. C’est avec cet angle qu’ Hérodote a construit ce numéro. Le sport est un acteur des relations internationales dès le début du XXe siècle, mis au service de la puissance et du prestige des États, et qui ne se dément pas, comme le confirme la cérémonie d’ouverture de Paris 2024 en plein air, sur la Seine, malgré les risques encourus. Les JO, du fait de leur aura médiatique, sont aussi un moyen efficace pour des États, des nations ou des entités de se faire connaître, d’améliorer leur image, ou de voir leurs athlètes concourir sous bannière neutre comme la Russie mise au ban des nations pour son invasion de l’Ukraine. Cependant, bien que le rôle du CIO se soit accru, il est loin d’avoir le poids nécessaire pour faire respecter sa Pax Olympica.