En queue de poisson

Publié par Isabelle le 27/03/2015 à 00:00
Source: Jean Hamann - Université Laval
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Même si les oméga-3 n'abaissent pas le taux de triglycérides chez près du tiers des personnes, ils pourraient tout de même avoir des effets positifs sur beaucoup d'autres paramètres de la santé.
Peu importe la quantité de saumon ou de gélules que vous avalez, les oméga-3 pourraient ne pas avoir les mêmes effets sur vous que sur la moyenne des ours. La cause ? Vos gènes, suggère une étude publiée dans la revue Lipids in Health and Disease par une équipe de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels et du CHU de Québec.

On sait que les oméga-3 ont des effets positifs sur la prévention des maladies cardiovasculaires, notamment parce qu'ils abaissent le taux de triglycérides dans le sang. L'American Heart Association recommande d'ailleurs aux gens qui ont un taux de triglycérides élevé de consommer de 2 à 4 grammes d'oméga-3 par jour. "Les études montrent que cette intervention produit, en moyenne, une baisse de 15% des triglycérides. La réponse est toutefois très variable d'une personne à l'autre, commente Marie-Claude Vohl, professeure à l'École de nutrition. C'est ce qui nous a amenés à examiner le rôle joué par la génétique dans cette variabilité."

Bénédicte L. Tremblay, Hubert Cormier, Iwona Rudkowska, Simone Lemieux, Patrick Couture et Marie-Claude Vohl ont invité 208 personnes à consommer 3 grammes d'oméga-3 par jour pendant six semaines. Grâce à un échantillon de sang fourni au début et à la fin de cette période, les chercheurs ont mesuré l'évolution des triglycérides chez chaque participant. De plus, ces échantillons sanguins ont servi à réaliser des analyses ciblant les gènes de certaines phospholipases. Ces enzymes interviennent dans le métabolisme des oméga-3.

Comme prévu, la prise d'oméga-3 a diminué le taux moyen de triglycérides, mais la réponse est loin d'être uniforme. Les chercheurs ont même observé une hausse chez 29% des sujets. "Nos analyses révèlent qu'il y a une association entre certaines variations dans les gènes des phospholipases et la réponse des triglycérides à la supplémentation d'oméga-3, résume la professeure Vohl. Il y a des gens dont la génétique est telle que les oméga-3 ne parviendront jamais à abaisser leur taux de triglycérides. Ça ne fonctionne pas avec eux."

Ces résultats doivent être interprétés avec prudence, insiste la chercheuse. D'abord, la variabilité dans la réponse au traitement est observée dans presque toutes les interventions, qu'il s'agisse de nutriments ou de médicaments. "Il ne faut pas penser qu'un traitement fonctionne toujours pour tout le monde. Les médecins et les nutritionnistes doivent demeurer à l'affût et passer à un plan B lorsqu'un patient ne répond pas." Ensuite, les hausses de triglycérides observées dans cette étude ne sont pas suffisantes pour augmenter le risque de maladies cardiovasculaires chez les sujets normaux. "Enfin, même si les oméga-3 n'abaissent pas le taux de triglycérides d'une personne, ils pourraient tout de même avoir des effets positifs sur beaucoup d'autres paramètres de la santé, notamment l'inflammation, la pression artérielle, le cancer et la santé psychologique", souligne Marie-Claude Vohl. Ceux qui pensaient citer son étude pour avoir congé de poisson devront donc trouver autre chose.
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