132 p – 15€ – collection Poésie et intériorité – éd. L’enfance des arbres
La fontaine des oiseaux amoureux
Nostalgique comme personne
Soazig marchait dans les rues d'autrefois
Les quartiers d'hier
A la recherche de son arbre - de la place d'antan
des souvenirs associés
La majorité de ses amis la dissuadait
D'emprunter ces chemins à rebours
Et de vivre dans le passé
Elle reconnaissait la pertinence du propos
Mais poursuivait ses détours pour
Atteindre les rues flâneuses
Où chaque pan de maison appelle
Le baiser sous un proche à l'abri de l'averse
Des mains entrecroisées sur une table en terrasse
Des sourires complices au verbe haut
L'attention tournée vers des enfants joyeux
En train de s'asperger au pied de
"la fontaine des oiseaux amoureux"
extrait de Péninsule
La traversée
N'écris pas en lettres de lumière. A quoi bon éblouir ton frère lointain ! Prends le chemin tortueux de l'inhabitude, celui détourné et nerveux comme du bois d'olivier. Va-t'en au loin, au plus loin des montagnes arides et vierges du Caucase. Rapporte-nous des feuillets noircis au fusain et griffonnés tout de travers, de ces feuillets trempés dans la poussière de l'effort, collants de sueur. Ramène-nous le froid vif et caillouteux des sommets déserts balayés par les vents salés d'Anatolie orientale.Cueille la pierre usée, angulaire, témoin du long périple intergalactique. Donne-nous notre pain de seigle quotidien, notre fragment de prose en crevasses, notre leçon de choses simples arrachées à la nuit.
extrait de Inclinaison