PERICOLOSO SPORGERSI — SNCM : le délai des candidatures de reprise est...

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SNCM : le délai des candidatures de reprise est prolongé

Les candidats intéressés par la reprise des activités de la SNCM avaient jusqu’au lundi 19 Janvier 2015 pour présenter leurs candidatures auprès des administrateurs provisoires au tribunal de commerce de Marseille.

L’appel à candidature avait été lancé le 19 Décembre 2014.

A l’issue de cette période, quatre dossiers ont été enregistrés. Il s’agit soit d’offres directes et détaillées, soit de lettres d’intention. Pour l’instant le détail de ces « offres » n’est pas  officiellement connu.

Cependant, l’ont sait que deux  offres fermes ont été déposées. Ce sont des offres  complètes avec un business plan.  

Les deux  autres candidats ont présenté des propositions générales. Parmi eux on trouve un entrepreneur insulaire.

Les noms des quatre entreprises est déjà sur la place publique.

 

Trois autres candidats potentiels ont fait connaitre leur intérêt  pour ce dossier et ont demandé l’obtention d’un délai supplémentaire pour affiner leurs candidatures.

Les administrateurs ont accepté cette demande.

Le délai est prolongé de deux semaines. Il est fixé au lundi 2 Février à 11 heures.

Ce nouvel épisode s’insère dans les grandes manœuvres qui visent à récupérer les dépouilles de la SNCM.

De nouveaux acteurs apparaissent, les contours se précisent.

 

 

 

 

 

Des offres et des intentions

Des offres…

Rien n’est officiel, car la discrétion est de mise. Cependant, dès ce mardi 20 Janvier, le journal Le Marin publie le nom des quatre sociétés qui ont déposé un dossier de candidature.

Les deux offres sont des confirmations.  Le PDG de Baja Ferries, Daniel Berrebi, est candidat à une offre sur l’ensemble de l’activité de la SNCM.

Même chose pour l’offre de  Christian Garin.

… des intentions

Deux candidats ont déposé des lettres d’intention. Il s’agit d’une société suisse, inconnue du milieu maritime et d’un transporteur routier corse, l’entreprise Rocca. 

Un résumé des ces offres et intentions peut être lu, ici,  dans l’article du Marin.

 

 

Une période… d’incertitudes

A partir du 2 Février devrait s’ouvrir une « période d’amélioration ».

Les candidats devront affiner le contenu de leurs offres. Elles devront être d’un niveau supérieur au cahier des charges publié par le tribunal.

Les administrateurs étudieront trois aspects principaux :

a)      La pérennité économique du projet.

b)      L’impact social.

c)      Les conséquences pour les créanciers.

Le 2 Février débutera une période d’étude des offres. A l’issue de cette période, se tiendra une audience décisionnelle. A ce moment là, les offres devront être « fermes et définitives ».

 

 

La contradiction européenne

Il y aura un autre obstacle à surmonter, c’est la position de la Commission Européenne (CE).

Il faut rappeler que, selon le Secrétaire d’État chargé des transports,  les offres doivent se faire par lots et non entièrement groupées.

C’est du moins ce qui ressort de son intervention devant l’assemblée nationale  que l’on peut écouter ici.

Pour l’instant la CE n’a publié aucune position.  En revanche les repreneurs intéressés (ceux qui ont déposé une offre complète) ont fait savoir qu’ils souhaitaient  reprendre la totalité des activités de la SNCM.

Pour des motifs juridiques, les candidats ont certainement déposé des offres   -par ligne-  mais  ce n’est qu’un habillage juridique. Pour des raisons économiques, ils sont intéressés par la totalité du marché.

C’est là qu’apparait la contradiction entre les exigences européennes et la réalité du marché.

L’activité actuelle de la SNCM est déjà fortement réduite. Si on venait à tronçonner ce faible volume en plusieurs opérateurs, on rendrait leur viabilité aléatoire.

Pourquoi cette apparente contradiction de la CE ? Un élève en première année d’économie comprend bien que le « tronçonnage » ne tient pas la mer.  S’il on met de côté le poids de certains lobbys qui pèse sur les décisions de l’Union, on peut aussi y voir une position de rectitude idéologique. 

Une personne proche du dossier analyse la chose de la manière suivante : « L’Union Européenne (UE) se moque de la SNCM.  Ce qui ne lui plait pas, c’est la DSP (des subventions sur un marché).  L’UE veut donc la peau de la DSP ». 

Décidément l’UE n’aime pas l’argent public et les solutions « à la française ».  A ce propos nous aurons l’occasion de revenir sur le sort d’une autre compagnie maritime française, également ex société d’État, il s’agit de My Ferry Link. Comme pour la SNCM nous avons assisté à des montages juridiques et financiers fragiles. Certains diront, volontairement fragilisés.  En tout état de cause, son avenir est gravement  compromis. Cela se passe seulement deux ans après la mise en liquidation de la  compagnie publique Sea France.

Pour mémoire, on peut relire le chapitre SEM, un statut fragile, dans l’article de ce blog intitulé Noël, un cadeau empoisonné.  Depuis sa rédaction, début décembre 2013, la situation de My Ferries Link s’est détériorée.

Je peux reposer la question ici : SEM et SCOP, même combat ?

Bien sûr, une entreprise peut déposer une offre ligne par ligne et emporter la totalité du marché.  C’est la logique économique qui l’emporterait.

A moins que l’on n’ait jamais voulu sauver ce qui pouvait être sauvé.

Si c’est vraiment le cas, alors nous assistons à un marché de dupe.

 Une liquidation serait accompagnée de la disparition de l’actuelle DSP. Elle  débouchera sur un futur cahier des charges minimaliste, avec de lourdes conséquences pour la Corse en matière de tarifs notamment.

Nous n’en sommes pas encore là.

 

 

Et toujours la SEM

L’un des candidats est un « simple » repreneur, avec une capacité d’investissement limitée.  S’il l’emporte il  reprendra, dans le meilleur des cas,  la DSP et… la flotte.  Une chose est sûre, un navire doit être remplacé rapidement pour cause d’ancienneté. Le cahier des charges de la CTC (Collectivité Territoriale de Corse) est formel sur ce point.

C’est là que pourrait intervenir la SEM régionale.

Nous résumerons, provisoirement, la situation par cette formule : le repreneur se charge de reprendre les actifs (la flotte e la DSP) et, comme il n’a pas d’argent,  c’est la SEM qui investit dans les navires neufs. CQFD.

Cette hypothèse pourrait expliquer la présence d’un entrepreneur insulaire dans les « lettres d’intention ». Il s’agirait, dans ce cas, de prendre date pour l’avenir, c'est-à-dire la SEM.  Si c’est cette méthode qui est privilégiée, alors la SEM et la liquidation ne seraient plus synonymes.

Nous serons fixés rapidement sur ce scénario.

 

 

L’obstacle financier

En attendant la date du 2 Février, il faut passer l’obstacle du rendez vous du 28 Janvier.

Ce jour- là le tribunal de commerce étudiera la situation financière de la SNCM.  La question posée sera « simple » : l’état de la trésorerie, à cette date, permet-il à la compagnie de poursuivre son activité ?  Si la réponse était négative, le tribunal devrait mettre l’entreprise en liquidation judiciaire.

L’un des deux actionnaires principaux, ou les deux (L’État et Trandev) seront-ils amenés à combler d’éventuels besoins financiers, en attendant l’ouverture de la « période d’amélioration » ?  C’est une hypothèse envisageable.  Ce serait en tout cas logique vu les positions des ces deux actionnaires. 

Quasiment tout le temps en phase, Transdev et l’état  déclarent depuis des mois que le redressement judiciaire est la meilleure solution.

 Cela n’aurait aucun sens d’avoir fait tout cela pour arriver à la liquidation.

Cependant, on sait que les actionnaires ont leur favori parmi les candidats.

Discrètement, doit bien se discuter un deal : s’il faut apporter une rallonge financière pour permettre à l’opération de réussir, c’est à la condition que le « favori » soit retenu.

La formule est un peu abrupte, mais elle a le mérite d’être claire.  De toute façon un coup de pouce financier est indispensable.

Sur la volonté de poursuivre le processus, nous serons fixés rapidement. Cependant, d’autres forces seraient tentées de le compromettre, en jouant la crise qui mène à la liquidation. En auront-elles la capacité ?

Autre question : les intérêts d’un repreneur ne coïncident-ils pas avec ces « forces » ?

Une chose est sûre,  tous ces débats participent à faire oublier les difficultés de l’OTC (Office des Transports de la Corse).

Le lundi 19 Janvier s’est tenu le Conseil d’Administration de l’OTC. Il y avait peu de monde présent.  Mais comme le quorum n’était pas obligatoire, la réunion a pu se tenir.

A l’ordre du jour, notamment, les orientations budgétaire pour 2015.  Elles ont été adoptées malgré l’absence de budget rectificatif 2014.

L’État n’a certainement pas envie d’en rajouter en ces moments déjà agités.

Alors qu’il était question de budget, personne n’a demandé pourquoi et comment l’Office finançait (15 000 euros par jour)  un navire qui attend dans le port de la Seyne-sur-Mer depuis le début du mois de Décembre 2014.

 Mais ceci est une autre histoire.

 

A suivre.

 

Alain VERDI

Le 20 Janvier 2015