PERICOLOSO SPORGERSI — SNCM : Faire porter le chapeau aux syndicats

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SNCM : Faire porter le chapeau aux syndicats

La SNCM est en grève depuis le mardi 24 Juin au matin à l’appel de l’intersyndicale, à l’exception du STC, organisation d’obédience nationaliste.

Est-ce la dernière grève à la SNCM ? En tout cas, beaucoup de protagonistes du dossier rêvent d’un grand  pandémonium, c’est ce que j’annonçais dès le  27 Mai dernier.

Les préavis, reconductibles,  ont été déposés il y a plusieurs semaines, pourtant depuis aucune autorité n’a réagi.  Le message syndical semblait clair : en s’y prenant à l’avance, les organisations syndicales donnaient une chance à la négociation. Mais pour négocier, il faut un interlocuteur. 

Les autres partenaires sociaux que sont les deux autres actionnaires de l’entreprise   -l’État et Transdev- ont-ils autre chose qu’une disparition de la compagnie à proposer ? Jusqu’à preuve du contraire, la réponse semble négative.

 

 

 

Un dilemme sous forme d’impasse

Alors cette grève semble plus souhaitée par  les deux actionnaires, cité ci-dessus, que par les syndicats et les personnels. Les employés en sont parfaitement conscients.

Simplement, on  ne leur a pas laissé le choix.

Le journal Le Marin du 24 Juin parle d’une ultime arme des salariés pour tenter d’enrayer la chronique d’une mort annoncée.

Une question grave a traversé les débats au sein des employés. Faire grève à la veille de la saison touristique, c’est cumuler tous les handicaps :

L’impopularité, et la chute des recettes. Mais surtout, c’est donner une justification financière à Transdev pour mener la compagnie devant le Tribunal de commerce de Marseille,  à l’automne.

Mais ne rien faire, ne mène t-il pas au même résultat ?

On peut penser que oui.

 

 

Tu bouges, tu meurs et vice versa

Tout au long des articles de ce blog, j’ai essayé de montre que le coup partait de loin.

Depuis plusieurs années tout était plié.  Même si les syndicats n’avaient pas fait une seule grève depuis plus de vingt ans, cela n’aurait rien changé au plan. 

En revanche, les « coalisés » auraient eu du mal à faire porter le chapeau du naufrage aux syndicats.  Mais les organisateurs du « meurtre en réunion » connaissent trop bien la règle des rapports sociaux dans notre pays. Le système est bien rodé.

Le rapport de force  est, aussi, un rapport entre les syndicats. Pour exister, il faut faire grève.

Ne pas le faire, c’est mourir en tant qu’organisation.  Faire grève, dans ce cas, c’est  retourner le projecteur vers soi.

Cruel dilemme que je résumais par la formule : tu bouges, tu es mort. Tu ne bouges pas, tu meurs quand même.

Dans le cas de la SNCM,  le naufrage étant organisé de longue date, il suffisait d’agiter régulièrement  un chiffon rouge pour que le système fonctionne.

Tout le monde s’est habitué : Syndicats, dirigeants publics et privés, ainsi que  l’opinion publique.

Les médias, qui aiment bien les clichés, ont fait le reste.

Pourquoi vérifier le pourquoi du comment ?  Une grève et hop, « ce sont les syndicats qui remettent ça ».  Qui s’embête à démêler l’écheveau ?  Nous vivons une époque des idées simples et simplistes :

Les gens modestes n’ont pas besoin de lire la Princesse de Clèves.

Les syndicalistes sont les fossoyeurs de l’entreprise.

Vivement que tout cela soit privatisé, ma bonne dame.

Au fait, la SNCM a bien été privatisée en 2006, n’est ce pas ? Comment,  cela n’a rien changé ?

Allez, répétons le encore une fois : le deal entre l’État et le repreneur principal, oublions le repreneur « annexe », n’était pas de relancer la compagnie. 

L’objectif était de tenir jusqu’au but recherché.

Pour plagier l’un des nombreux membres de la promotion Voltaire de l’ENA, protagonistes dans ce dossier, on peut dire : le naufrage c’est maintenant.

 

 

Un assassinat entre amis

Attention cependant, il ne faut pas croire que tout c’est joué sous l’actuel gouvernement.  Cette analyse serait politiquement idiote,  moralement injuste et économiquement impossible.

C’est là le danger, relatif, pour le gouvernement. Il doit essayer de ne pas passer pour le naufrageur unique de la SNCM.  Tout en faisant porter le chapeau aux grévistes.

Tout s’est déroulé « tranquillement ».  Sous des dizaines et dizaines d’à coups visibles (Grèves,  changements de directions et de gouvernements, privatisation à problème…), une constante se déroulait. Il faut lire et relire le rapport parlementaire (auditions complètes) sur “les conditions de privatisation de la SNCM”. Voir, dans le sommaire, l'article Rapport sur un scandale feutré

Chaque crise n’était pas une occasion de remise en question et d’amélioration, mais une étape dans le déroulement du plan.

Simplement peu de monde le comprenait. Et parmi ceux qui le voyaient, la majorité était complice, d’une façon ou d’une autre.

Il y avait trop d’intérêts en jeu, trop de promesses faites.

C’est l’accumulation de ces promesses qui a fait le ciment de la  « coalition ».

Bientôt le dépeçage va pouvoir commencer.

 

 

Fusion, confusion et acquisition

Jusqu’à présent, tout se déroule comme prévu par les initiateurs du plan.

Après la stratégie de la confusion, voici venir le temps des acquisitions. Tous les morceaux de la bête ne seront pas jetés à la poubelle.

Il y a ceux qui prendront les bas morceaux pour de substantiels bénéfices.

Ceux, qui récupéreront  le « gras », comme prévu,  c’est le gratin de la « coalition ».

La SNCM entre en fusion. Seuls les initiés comprendront, aujourd’hui.

Demain ce sera, peut être, plus facile à comprendre.

 

Alain VERDI

Le 14 Juin 2014

 

 

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L’actualité et le fond

Volontairement, je n’ai pas abordé deux points d’actualité qui ont (discrètement) fait la une des journaux. Je me contente, ici, d’un résumé et de rappels :

1)La proposition du Président de l’OTC (Office des Transports de la Corse) de subventionner la Corsica Ferries France (CFF)  pour qu’elle mette en ligne des navires supplémentaires parce qu’on « ne peut pas laisser la Corse avec un service public amputé ». (France 3 Corse 21 Juin 2014).

 La suite nous montrera, sans doute, qu’il n’est pas forcement permis de donner des subventions publiques au pied levé et que, de toute façon,  CFF n’a pas besoin que l’OTC lui formule une telle demande. A chaque grève, le concurrent augmente sa capacité et récupère une partie des passagers laissés sur le quai. La méthode est la même depuis de nombreuses années.

 

2)L’incident du Mega Express V de la CFF, le 31 Mai dernier à l’Île Rousse.  

En l’absence de résultats de l’enquête annoncée par le Secrétaire d’État aux transports, on ne peut qu’attendre.

 Vous me direz, on peut chercher aussi de son coté. Pour l’instant, seul un défaut d’information de la part de CFF auprès des autorités maritimes semble avéré.  Cela a-t-il mis les passagers en danger ?  La direction de la compagnie dit que non.

Des syndicats en doutent.

Ces derniers ont en mémoire l’incendie à bord d’un NGV (Navire à Grande Vitesse) de CFF, en 2007.

A cette occasion, les autorités françaises et italiennes n’avaient pas déclenchées d’enquêtes.

Il y a sept ans, les faits semblaient pourtant plus graves et, de plus,  le navire naviguait sur une ligne pas vraiment autorisée au moment des faits.

Tout cela nous rappelle que les autorités maritimes font, souvent, preuve d’une grande discrétion et d'une curiosité limitée.

Une affaire à suivre.