Depuis que nous sommes jeunes, on nous conditionne à la supériorité de la race masculine; que cela soit par des règles de grammaire, par des principes de vie ou encore, par des croyances enracinées dans nos moeurs et partagées par tous. Alors que de plus en plus de femmes se lèvent pour améliorer la condition de la femme, il subsiste encore, dans certains pays, l’excision des jeunes filles ou la lapidation. Au Québec, la condition féminine a fait des progrès constants depuis plusieurs années. Cependant, il existe encore des écueils qui font grincer des dents les féministes les plus engagées et revendicatrices.
Depuis quelques jours déjà, Marie-Pier Labrecque et Mylène Mackay, de la troupe Bye Bye princesse, se retrouvent sur les planches de La Chapelle pour nous présenter leur spectacle Elles XXx. S’inscrivant dans une posture féministe, la pièce réussit brillamment à susciter la réaction et la réflexion en mettant en scène des situations ambigües, parfois contradictoires, où subsiste le malaise. Pour se faire, elles dépouillent la scène en y laissant seulement un écran géant qui, avec plusieurs éléments de costumes, leur permet de mettre en chair, en mots et en images, une critique sans pudeur de la société actuelle jugée patriarcale. La variété des tableaux est foisonnante tout comme nos impressions de ceux-ci: le spectateur peut être amené à ressentir de la colère, de la surprise ou de l’incompréhension en raison de l’état de malaise général. Par exemple, l’un des numéros concerne le port de la burqa, un sujet que nous savons encore très chaud au Québec, et crée, chez le spectateur, un certain détachement face aux autres tableaux qui suivront puisqu’il engendre une réflexion de fond. L’idée est excellente, mais surtout audacieuse, car le numéro pourrait provoquer un flot de critiques.
Le rythme, créé par la succession des tableaux, des projections sur l’écran et de la musique, se fait de manière harmonieuse et fait sourire à de multiples reprises. Les différentes chorégraphies appuient bien les propos de la pièce. La complicité et la symbiose des deux actrices permettent un spectacle fort et puissant. Leur performance est impressionnante, elles réussissent à garder un haut niveau de concentration tout au long de la pièce et ce, malgré l’absurdité de plusieurs scènes.
Elles XXx réussira donc à réveiller la fibre féministe de ses spectateurs grâce à la justesse des mots et la puissance des images. Le caractère universel de la pièce et le choix des sujets traités permettent une réflexion autre que celle prêtée par les morales castratrices souvent prônées dans de telles pièces engagées. Elles XXx semble remettre en question la fameuse règle de grammaire selon laquelle le masculin l’emporterait toujours sur le féminin.
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Elles XXx est présenté au Théâtre la Chapelle du 22 avril au 3 mai 2014. M.E.S Pierre Bernard et Manon Oligny.
Article par Jennifer Pelletier. Étudiante en communication et politique. Amatrice de théâtre.