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Un projet écocide: le méga barrage Chadin 2 à Celendin-Cajamarca

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Date de publication: 
Mercredi, 5 Mars, 2014
Par: 
RaquelN

MarañonMarañonL’ ex président du Pérou, Alan García, a signé en juin 2010 un accord hydro-énergétique avec le Brésil. Celui-ci prévoit la construction d’une série de méga barrages sur plusieurs fleuves, en particulier sur le Marañon, affluent de l’Amazone. Ces mega barrages vont déplacer des milliers de personnes. M. Alan García, 3 mois avant de quitter le pouvoir et avec le Decreto Supremo 020-02011-EM déclare d’intérêt national et social la construction de 20 centrales hydroélectriques sur le fleuve Marañón.  Les projets les plus avancés sont Chadín 2 et Cumba 4, les deux se situant dans la région de Cajamarca. Ce sont des concessions attribuées à l’entreprise transnationale brésilienne Odebrecht. Celle-ci est responsable de la construction de la première étape du projet minier Conga pour un montant de plus de 500 millions de dollars. 

Le méga projet Chadin produira 600 MW, aura un coût de 819 millions de dollars et des conséquences négatives sur 21 communautés. Le projet prévoit la construction d’un barrage de 175 mètres de hauteur et un mur de rétention de 196 mille m3 d’eau. Plusieurs communautés disparaîtront comme Choropampa, San Lucas, Tupén Grande, Tupén Chico, la Mushca, Mendán et leurs territoires respectifs dédiés à l’agriculture et à la pêche ainsi que des espèces animales protégées comme l’ours a lunettes et la très riche flore et faune amazonienne. L’eau stagnante provoquera l’augmentation d’émission de CO2 et surtout du gaz méthane, gaz qui retient  25 fois la chaleur plus que le CO2. Ces deux gaz favorisent le rechauffement climatique. De plus, les cours d’eau des affluents et de l’Amazone seront touchés. Les poissons ne pourront plus remonter les cours d’eau pour se reproduire et finiront par disparaître ; il causera des inondations et entraînera la déforestation.

L’énergie produite serait dans sa plus grande partie exportée vers le Brésil et le Pérou deviendrait un fournisseur d´énergie du Brésil. Le Pérou augmenterait sa dépendance envers ce pays et ferait partie de sa matrice énergétique.

Le 16 juin 2010, les gouvernements du Pérou et du Brésil signent un accord pour produire de l’énergie pour le Pérou  et pour exporter les excédents vers le Brésil. Le Pérou est autosuffisant et ses besoins futurs ne justifient pas la construction de méga barrages, par contre le Brésil en a fortement besoin pour fournir en énergie ses projets miniers et agricoles extractivistes. La puissance des cinq centrales hydroélectriques que prendra en charge le Brésil sera de 6.673 MW (le Pérou consomme actuellement 5.000 MW), 90% desquels partiront vers le Brésil. Les projets ont été développés par Eletrobrás, et les entreprises brésiliennes chargées de leur construction sont Odebrecht, OAS et Andrade Gutierrez, entre autres. Les entreprises péruviennes comme Electroperú, ne font pas partie des projets. En conclusion, ce sont des projets non nécessaires au Pérou mais qui vont bénéficier au Brésil et à ses grandes entreprises d’Etat et privées. Ces projets vont avoir de graves conséquences sur l’environnement, causer des problèmes sociaux pour les péruviens et en particulier pour les peuples indigènes.

Odebrecht a plusieurs projets au Pérou :

- la construction de la centrale hydroélectrique de Chaglla (2.500 MW) et de la route Carhuaz-San Luis (99 km).

- la concession de la route Ayabaca-Vado Grande (10 km de route). IIRSA Norte.

- la construction de la seconde partie de la Ligne 1 du Train électrique de Lima.

 

 

Il y a quelques semaines, l’Etude d’Impact Environnementale (EIA) de Chadin 2 a reçu l’accord du MINEM, le Ministère d’Energie et Mines, entité qui au Pérou approuve les EIA. Ce fut un EIA sans consultation préalable, avec des audiences publiques avec des participants payés pour assister et étrangers à la zone (Cortegana et Chumuch, 4 et 5 juillet 2013, par exemple). Le 5 juillet, à Cortegana, district de Celendin, la police charge contre les manifestants, même contre des enfants, et laisse derrière elle plusieurs blessés. Des blessés et des manifestants sont aujourd’hui dénoncés par le procureur pour avoir « perturbé l’audience et séquestré le maire de Cortegana”. Accusations fausses car le maire est resté dialoguer quelques minutes avec les manifestants à leur demande avant que quelqu’un de son entourage vienne le tirer de l’assemblée de façon brutale. En janvier 2014, la police pénètre les terres des communautés de Yagén, sans leur autorisation,  et prétend méconnaître les rondes paysannes locales 

Frente Amplio en CorteganaFrente Amplio en Cortegana

élues de façon démocratique. Ils disent venir avec des ingénieurs de l’entreprise Odebrecht “former des nouvelles rondes paysannes reconnues par le peuple”. Les membres des authentiques rondes paysannes sont aujourd’hui dénoncés, leur Président est accusé d’homicide… mais il n’y a eu ni mort ni blessé ni arme…. ! 

 L’opposion au projet est chaque jour plus grande. Le 23 février , à Cortegana, lors d’une assemblée constituée de plus de 75 ronderos et ronderas, tous ont manifesté leur rejet à ce projet. Ils ont formé le Frente Amplio dans le but de conquérir la mairie en espérant ainsi pouvoir arrêter le projet. Cependant, le manque d’information sur ce projet et ses conséquences sur l’environnement et leur vie est manifeste, il n‘y a pas de journaux, ni internet ici. Ni radios d’infos alternatives.  C’est pour cela qu’il est urgent que les défenseurs de l’environnement et les spécialistes en la matière organisent des réunions et des ateliers d’informations.

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