Ajouter aux favoris Avertir le modérateur

23.04.2024

JO 2024: pour héberger 5000 militaires, l'Economat des Armées bâtit le camp Alain-Mimoun

flamme.pngLa construction d'un camp militaire aux portes de Paris pour 5 000 soldats participant à la sécurisation des JO, commencera "dans les prochains jours" sur la pelouse de Reuilly. Cette dizaine d'hectares en lisière du bois de Vincennes dans l'est parisien, accueille chaque année de nombreuses manifestations comme la foire du Trône, qui a quitté les lieux le 22 avril. 

"Nous n'avons jamais fait cela depuis la Deuxième guerre mondiale", a déclaré le commissaire général Philippe Pourqué, directeur général de l'Economat des armées, qualifiant l'opération de "gageure".

Le plus gros camp monté ces dernières années a été celui de Gao au Mali, où jusque 2.000 hommes ont été déployés dans une vaste zone désertique, dans le cadre de l'opération antijihadiste Barkhane close en 2022. "Là, on part de zéro dans un espace contraint. On doit construire en deux mois un camp de la taille du salon du Bourget (le plus grand salon aéronautique du monde, ndr) qui est normalement monté en six mois sur un terrain que l'on connaît", a expliqué le commissaire général.

Les équipes ont commencé des "travaux de nivellement du terrain" et seront mobilisées 24h sur 24, 7 jours sur 7, pour livrer le camp le 3 juillet, avec une arrivée progressive des soldats dès le lendemain.

Un des défis de la conception du camp, baptisé du nom de l'athlète militaire Alain Mimoun (1921-2013), a été de fondre les installations dans le paysage, à une distance d'au moins deux mètres des arbres qui entourent la zone, à la demande des services du patrimoine et de l'environnement. Le camp, qui sera clôturé, comportera des hébergements climatisés, des sanitaires raccordés au réseau parisien, un restaurant et des espaces de loisirs comme une salle de musculation. 

Sunak va annoncer une nouvelle aide militaire britannique pour l'Ukraine

flamme.pngLe Premier ministre britannique Rishi Sunak (qui a aussi annoncé la Grande-Bretagne va progressivement augmenter ses dépenses dans la défense pour atteindre 2,5% du PIB d'ici 2030) est en Pologne, où il va annoncer une aide supplémentaire de 500 millions de livres sterling à l'Ukraine. Ce qui portera à quelque trois millions de livres sterling les engagements du Royaume-Uni en faveur de l'Ukraine pour 2024.

Le ministère de la Défense va également procéder à des cessions d'équipements militaires et à la fourniture de munitions. Voir le communiqué britannique du 22 avril.

Les équipements promis à l'Ukraine par le ministère de la Défense comprennent 60 embarcations, plus de 1 600 missiles, en particulier pour la défense antiaérienne, ainsi que des missiles de longue portée Storm Shadow. S'y ajoutent près de quatre millions de munitions pour des armes de petit calibre et plus de 400 véhicules dont 160 MRAP de type Husky, 162 véhicules blindés et 78 engins tous-terrains. 

Bien sûr, le président Zelensky s'est félicité de ce nouveau coup de pouce britannique:

zelensky.jpg

Package US à venir
L'annonce britannique devrait précéder de peu celle que les USA se préparent à faire, une fois que le président Biden aura signé la loi que le Sénat doit à son tour voter ce mardi. Une fois cette formalité expédiée, une cession majeure devrait être annoncée. Elle comprendrait des blindés Bradley, des M113, des Humvees, des obus pour l'artillerie, des missiles antichars et sol-air, des systèmes de défense antiaérienne. Une partie de ces équipements et munitions serait déjà prête à être acheminée en Ukraine depuis l'Allemagne et la Pologne.

Du côté des Européens, on anticipe des annonces de livraison de systèmes Patriot ou autres pour doper les capacités sol-air ukrainiennes. 

La construction du port artificiel américain pour Gaza menacée de retards

port flottant.jpg

Comme je l'écrivais le 25 mars, huit bâtiments militaires américains vont prendre part à la construction d'un port artificiel au large de Gaza où la famine menace toujours puisque le ravitaillement reste aléatoire.

Parmi ces bâtiments américains, cinq sont de l'armée de Terre (US Army Vessels) et trois du Military Sealift Command. 

L'USAV (US Army Vessel) General Frank Besson est arrivé en Crête, à Souda Bay, où ont aussi accosté les USAV SP4 James A. Loux (LSV-6), USAV Monterrey (LCU30), USAV Matamoros (LCU26) .

L'USAV Wilson Warf (LCU11) a, quant à lui, pris du retard après un arrêt prolongé à Tenerife aux Canaries. Selon l'US Navy, il y était toujours le 22 avril.

 

boboUSNAV.jpg

Un ro-ro en avarie
Du coté du MSC, trois bâtiments ont été mobilisés. Deux sont entrés en Méditerranée la semaine dernière et ont rejoint Souda Bay. Il s'agit de l'USNS 1st Lt. Baldomero Lopez (T-AK-3010) et du MV Roy P. Benavidez (T-AKR-306).

Le troisième a dû rebrousser chemin. Le ro-ro USNS 2nd Lt. John P. Bobo a été victime d'un feu dans la salle des machines, lors de son transit. Il a dû regagner le port de Jacksonville (Floride) pour y être réparé.

Ce bâtiment devait acheminer les éléments du quai flottant de déchargement (lire plus bas). L'US Navy n'a pas encore précisé si cet incident allait avoir des répercussions sur la construction des quais et de la jetée flottantes, construction supposée démarrer  en mai pour une mise en service en juillet. Mais les retards de deux des huit bâtiments risquent de chambouler le planning. 

Port flottant
Un quai flottant de déchargement va être installé à 5 km au large du rivage ; ce sont des marins spécialisés du Naval Beach Group 1 qui le construiront. Long de 82 m et large de 22 m, il permettra de décharger les rouliers et les cargos qui ne peuvent pas s’approcher plus près. Des barges transféreront ensuite les conteneurs vers une jetée de transit, longue de 550 m qui rejoindra la plage. Elle permettra à des camions de charger l’aide humanitaire et d’acheminer dans la bande de Gaza. Déjà baptisée Quai Trident, cette jetée modulaire va être mise en place par une unité spécialisée de l’US Army de la 7e brigade de transport.

port flottant.jpg

 

 

 

22.04.2024

"Entre guerres" de François Lecointre, écrit dans la dignité

lecointre 2.jpg

Pas de “général” sur la couverture. François Lecointre est pourtant l’ancien chef d’état-major des armées.

A son tour, comme de nombreux de ses camarades ou anciens, il a commis un livre. Sur la fameuse couverture de la Collection blanche de Gallimard, un titre: “Entre guerres”. Mais pas de titre (ou de grade). Un livre à la première personne (la sienne) et au nom de la fraternité qui l’unit à ses “forbans”, ses “frères”.

Ces 115 pages ont été écrites “au moment où la guerre qui revient nous fait peur” (p. 12) mais François Lecointre n'a pas cédé à la tentation trop courante de se raconter d'une part ou de commenter indéfiniment ces guerres d'Ukraine ou du Proche-Orient qui chamboulent les certitudes du passé et qui servent de prétextes à de vaniteux et péremptoires traités de stratégie d'autre part.

"Entre guerres", c'est d'abord un "entre soldats", ceux que les décideurs politiques envoient à la bataille "en imaginant que nous pourrions ne pas avoir à combattre. Ou que nous pourrions ne combattre que modérément, avec la retenue qui sied à nos pudeurs de démocrates" (p. 70). Ces mêmes décideurs engagent "les armées en mesurant au plus strict les moyens qu'on leur donnait puisque de toute façon, on était incapable de leur fixer un objectif politique clairement défini".

Et cet "entre soldats", c'est celui d'hommes qui "ne peuvent tuer que pour la France. Tuer en son nom. Sans le salir. Tuer le moins possible, en contrôlant notre force, en mesurant nos coups, en respectant l'ennemi que nous devons regarder comme une personnes de dignité égale à la nôtre" (p. 72).

On lira donc avec respect ces 115 pages empreintes de dignité et d'humanité.

Entre guerres, Gallimard, 115 pages, 17€

Ukraine: le Pentagone dans les starting blocks pour la 56e cession d'armes à Kiev

usa-ukr.jpg

La Chambre des représentants à majorité républicaine a voté samedi en faveur d'un programme d'aide de 60,84 milliards de dollars (57,11 milliards d'euros) pour l'Ukraine. Pays promis à perdre la guerre contre la Russie, comme a averti, jeudi dernier, le directeur de la CIA Bill Burns (lire ici).

Ce projet de loi (pour lire le texte, c'est ici) dont le vote était tant attendu, comprend entre autres:
- 23,2 milliards de dollars pour reconstituer les stocks d'armes et de munitions que les États-Unis ont déjà acheminés, comme les obusiers de 155 mm ; les missiles sol-air, les armes antichars, les munitions de petits calibre;
- 13,8 milliards de dollars pour  l'acquisition d'armes avancées que le Pentagone n'a pas encore commandées ou dont il dispose de stocks réduits ;
- 7,85 milliards de prêts à Kiev jusqu'en septembre 2025;
- 1,6 milliard en aides dans le cadre des Foreign Military Financing Grants pour permettre à l'Ukraine d'acheter directement des armes auprès d'équipementiers;
- d'autres fonds serviront aussi à mieux contrôler le transfert et l'utilisation de l'aide financière.

Le texte du projet de loi, que le Sénat votera lui mardi (la loi atterrira ensuite sur le bureau du président Biden), prévoit ainsi que la Maison Blanche fournisse à l’Ukraine jusqu’à 1 000 missiles ATACMS, des missiles sol-sol à longue portée que l’administration Biden a fournies pour la première fois l’automne dernier après avoir tergiversé pendant des mois.

obusUKRAINE.jpg

55 cessions depuis 2021
Si l'on ajoute la cession du 12 mars 2024 (d'une valeur de 300 millions de dollars), les Etats-Unis ont effectué 55 cessions d'armes, munitions et matériels depuis 2021 et 52 depuis la fin février 2022 (début de la guerre) dans le cadre des Presidential Drawdowns for Ukraine. Voir ici. Montant de ces cessions: 25,9 milliards de dollars.

La 56e cession se prépare de l'aveu même du Pentagone qui va répondre au besoin le plus urgent des Ukrainiens: des armes antiaériennes pour prévenir le survol du front par l'aviation russe et pour neutraliser les drones et missiles qui visent les infrastructures énergétiques de l'Ukraine.

Au montant de ces cessions s'ajoutent:
- 18 milliards de $ dans le cadre de la Ukraine Security Assistance Initiative;
- 4,73 milliards de $ dans le cadre du processus de Foreign Military Financing.

Au total, au 15 février 2024, ce sont 48,7 milliards de $ que les USA ont engagés pour soutenir Kiev et son armée.